FRANCK AUGUSTE PITOISET / CREATEUR GRANDEUR NATURE

13 nov. 2017

“Créer, c’est toujours parler de l’enfance” disait Jean Genet. Ca n’est sans doute pas Franck Auguste Pitoiset, créateur de papiers peints d’art, qui dira le contraire. Petit garçon, il écrivait avec une pioche dans la terre des champs. Son truc, c’était le mot. Dessiner des mots. Ses soeurs lui avaient offert une boîte de peinture à l’huile pour son 8ème anniversaire, mais ça n’est que des années plus tard - il y a 5 ou 6 ans en fait - après les Beaux-Arts et un passage par la case «photo» qu’il s’est mis à dessiner. Réellement.

Dessiner, comme une méditation. Dessiner à l’encre de Chine, couché sur une immense feuille posée à même le sol, comme on dessinerait dans un paysage où se perdre... Dessiner pour se sentir bien. Une occasion de faire remonter à la surface les souvenirs tissés à la campagne avec sa grand-mère. De se reconnecter avec elle, renouer avec ses racines. Avec son enfance. On y revient !

L’univers plein de rêves et d’imagination que Franck Auguste Pitoiset développait enfant s’étale aujourd’hui sur des papiers peints bucoliques où fleurissent motifs végétaux, animaux ou minéraux.

Rencontre dans l’appartement, adorable cabinet de curiosités, de cet artisan brodeur comme il aime à se définir...

 

Toi qui traçait des mos dans la terre étant enfant, quel est aujourd’hui ton mot préféré ?

COMPASSION. C’est celui qui me vient. C’est un regard doux et tendre sur les choses et les gens.


Des mots aux livres, il n’y a qu’un pas ; quel est celui ou ceux que l’on peut trouver sur ta table de chevet ?

Toutes les nouvelles de Stefan Zweig. Dostoïevski, Pouchkine et la littératre russe en générale. Et surtout «La haine de la musique» de Pascal Quignard. Je suis mélomane, j’adore la musique et le titre m’a interpellé.


A propos de musique justement, vers quoi va ta préférence ?

J’aime particulièrement la musique classique car il y a beaucoup de silences... et ça se rapproche de la nature. J’adore Schubert. Et la musique répétitive américaine. James Blake ; j’aurais aimé être lui si j’avais été musicien ! Mais je ne le suis pas. Quand j’étais aux Beaux-Arts, je travaillais sur un logiciel de sons. Je voulais faire des créations sonores, j’ai fait trois albums d’ambiances sonores.  Je prenais notamment des samples d’aurores boréales en Islande - c’est magnétique... -, j’enregistrais des gens dans la rue, des sons quotidiens, je captais des bribes de conversations. Tout ça déclenchait des images. Comme un film.


Quel héros de film aurais-tu aimé être ?

Aucun ! Mais les œuvres du vidéaste Bill Viola me touchent. Tout comme les films d’Andreï Tarkovski.


Si tu devais choisir une photo que tu aimes particulièrement, ce serait laquelle ?

Pas une photo que j’ai faite en tous cas. J’en ai fait tellement pendant 10 ans en tant que plasticien... ce qui m’intéresse, c’est plus les techniques que le résultat final. Une photo que j’adore ? Non, je ne sais pas, il y en a trop...


Ta photo idéale alors ?

Ce serait certainement une photo de mouvement.


Tu nous confies un selfie ?


 

Parle-nous d’un voyage qui t’a marqué...


L’Islande. C’était il y a une dizaine d’années et je m’en souviens comme si j’y étais encore.... J’y allais pour rencontrer la chanteuse Björk (j’étais siphoné à l’époque !) mais quand je suis arrivé là-bas, j’ai appris qu’elle était partie en Espagne (rires) !!! J’adorais sa musique. C’est elle en tous cas qui m’a donné envie de découvrir son pays. L’Islande ne ressemble à aucun autre endroit. Le paysage change tous les 150 mètres. La glace est tellement pure qu’elle est bleue. Les montagnes sont ocres. Il y a des fumées. Le sol vibre, tout y est vrombissant. On a l’impression d’être sur une écorce. Une fois que tu es allée en Islande et que tu entends la musique de là-bas, tu ressens ce truc qui sent les contes, l’enfance, les trolls...

 

Quand tu pars en vacances, quelle est la chose que tu n’oublies jamais de mettre dans ton sac ?

Mon oreiller ! C’est sûr. C’est un petit bout de chez moi, une odeur rassurante. Et de la musique aussi.


Puisque tu évoques ton "chez toi", raconte nous ta jolie déco...

C’est une cabane végétale au milieu de la ville. Un style fin 1800 / début 1900, un style anglais. Quelque chose de doux, d’apaisant. Petit. C’est important. C’est rassurant, comme l’oreiller ! Mon appartement, c’est une partie de moi, une extension de ce que je suis. Pas un cocon. Plutôt un prolongement. Un havre de paix. J’aime y recevoir mes invités - toujours en petit comité - et j’aime qu’ils s’y sentent bien, qu’ils aient envie de rester. C’est une intimité (mais pas imposée) propice à l’échange, dans laquelle chacun peut se retrouver.



 

Quelle est ta recette du bonheur ?

Aucune : la vie est mouvance. Rien n’est figé donc il n’y aucune recette à appliquer. Juste vivre.
(NDLR : cette interview s'est déroulée autour d’un gâteau au chocolat fondant absolument divin que Franck Auguste avait préparé ; pour avoir la recette, envoyez un mail à contact@cuivre-laselection.fr car si ça n’est pas le bonheur, ça s’en approche un peu !)

 

Une devise, une citation ?

Ma citation préférée est de Diane Arbus, une photographe incroyable pour l’époque : «Nous sommes tous victimes de la forme particulière qui est la nôtre».


Vintage, ethnique ou graphique ?

Graphique pour la photo du manège. Ethnique avec les serviettes de hammam. Et vintage pour les plats aux fleurs vertes. Les trois quoi !

 

Retrouvez les papiers peints d'art imaginés par Franck Auguste Pitoiset sur son site www.franckpitoiset-art.com

Ses créations sont également disponibles à Dijon dans la très jolie boutique de Paula Coste, 1 rue Jean Renaud

 

Photos @détailsgraphiques / autour de Grangier