VIOLETTE & BERLINGOT : CULTURE SUCRE !

05 avril 2017

De la violette, elle a la subtilité, la finesse et une profondeur un brin mystérieuse. Comme le berlingot, elle a un éternel air enfantin, une douceur rassurante.

Elle, c'est Anne-Claire, créatrice de la confiserie traditionnelle Violette & Berlingot à Lyon. Une adresse gourmande où redécouvrir avec un bonheur tout régressif les bonbons de notre enfance.

Amoureuse des roudoudous et du chocolat, des caramels autant que de la réglisse, elle n'est pour autant pas "guimauve" : passionnée par les mots, diplômée en littérature et en sémiologie (excusez du peu !), elle a aidé de nombreux artistes à mettre leurs projets sur le devant de la scène avant de créer sa boutique.

Anne-Claire n'aime en revanche pas être dans la lumière ; on reçoit comme un joli cadeau qu'elle ait accepté de nous livrer ses goûts lors de notre interview.

Un entretien  qui nous a enchanté. Un portrait à savourer...

 

Anne-Claire, toi qui aime les mots, peux-tu nous dire quel est ton favori ?

"à l'instar de..." et "hic et nunc" (ici et maintenant). C'est mon mantra, mon adresse mail, mon "doudou". Ce vers quoi j'aimerais tendre, ma ligne d'horizon. Parce que vivre, c'est ce qu'il y a de plus difficile.

 

Des mots aux livres, il n'y a qu'un pas : lequel trouve t-on sur ton chevet ?

"Le temps et l'autre" d'Emmanuel Levinas. "Les quatre accords toltèques" de Don Miguel Ruiz et le catalogue d'exposition de Vilhlem Hammershoi, un peintre danois que j'aime particulièrement.

 

A ce propos, quelles sont les œuvres qui te touchent ?

Quelques œuvres sont importantes pour moi : Caillebotte et ses "Raboteurs de parquet". Les sculptures de Brancusi, l'oiseau mais aussi toutes les muses endormies. "L'homme qui marche" de Giacommetti et les œuvres de Olafur Eliasson.

 

Et la musique qui te berce ?

Je dirais Odi et Amo de Johann Johannson, un compositeur islandais que j'ai entendu pour la première fois à Saint-Brieuc. Il est pour moi un pont entre la musique estonienne du XXème et les créations du compositeur de musiques de films polonais Preisner. Bref, Johann Johannson est islandais certes, mais dans ma tête, sa musique fait le lien avec ce grand mouvement estonien.

 

As-tu une photo favorite ?

Oui. Il s'agit d'une image réalisée par le photographe Gérald Petit. Elle représente une jeune fille qui écoute la mer dans un coquillage. Je la vois comme un clin d'oeil à Boubat. J'aime aussi beaucoup un cyanotype de Mathilde Darel que j'ai chez moi...

 

En parlant de photo, tu nous confies un selfie ?

Je n'en ai jamais fait de ma vie ! (elle nous confie alors un portrait d'elle, enfant. Superbe)

 

Peux-tu nous parler d'un voyage qui t'a marquée ?

Le Maroc ! Marrakech, en 1999. Je me suis dit que c'était un endroit où je pourrais vivre. (NDLR : on se comprend tellement bien avec Anne-Claire !). Le Maroc était encore rural, simple. Ca a été la découverte du Maghreb. J'ai adoré l'Atlas, les stries de l'érosion sur la roche, l'idée que les paysages soient vert au printemps et désertiques en automne. L'amplitude des possibles.


A défaut de parler de ton sac de voyage, peux-tu nous montrer ce que contient ton sac à main ?!

(Elle vide son sac sur la table du chouette Slake Coffee House, à deux pas de la boutique, sous le regard amusé de nos voisines.) Mon agenda. La boîte avec mon ange-gardien. Une boîte à bonbons. Une crème pour les mains. C'est mon bazar quoi ! (elle rit ) Je suis très papier pour mon agenda. Je n'arrive pas à me faire à l'agenda électronique...

 

As-tu un objet fétiche ?

Oui. Il s'agit d'un bracelet. Il représente ma vie amoureuse...

 

Raconte-nous ta maison, sa décoration...

Ma maison, c'est un hasard ! Cet appartement est arrivé au moment opportun dans ma vie. Ca a été une vraie chance, il est au calme, on a des voisins très agréables, de la belle lumière qui s'invite dans le salon orienté au sud, une petite terrasse qui nous permet de dîner sous les étoiles (et les lumières des appartements des voisins - c'est ça la ville !). Les premières années nous avons vécu dans l'appartement tout blanc avec seulement une pièce en rouge théâtral, l'entrée (une peinture rouge velouté de chez Ressources - une maison que j'aime beaucoup), puis depuis trois ans, nous avons changé de décor, avec un camaïeu de pastels assemblés selon les principes feng shui. Les murs se répondent, les perspectives sont des parcours pour la rêverie. Je crois qu'il y a plus de 20 nuances différentes dans cet appartement. Nous avons choisi des peintures dont la composition nous semblait la moins nocive possible.

 

Et ta boutique ?

C'est une confiserie à l'ancienne, un lieu pour tous les moments de la vie. C'est un lieu de bienveillance et de résilience. Ici aussi les peintures viennent de chez Ressources. Le violet n'est pas ma couleur préférée mais c'est l'ADN de la maison. C'est une couleur énigmatique, mélange du rouge et bleu, d'une couleur chaude et d'une couleur froide. C'est loin d'être une couleur facile, mais c'est peut-être là le défi. C'est une couleur qui ne laisse jamais indifférent.

 

Ta sélection de nos séléctions déco ?

Oh ! mon plus grand plaisir ce serait d'avoir un budget illimité chez Cuivre. Si je ne devais choisir qu'une seule chose, la photo du manège des Tuileries ! Je la trouve graphique, aérienne, joyeuse, tout ce à quoi j'aspire. J'aime aussi les 78 tours, j'adorais écouter ceux de mon père. Et le fauteuil Tolix, car il me rappelle le jardin du Luxembourg et que Paris - et en particulier le 5ème arrondissement - est pour moi un lieu de ressourcement inépuisable. Un week-end à Paris me remet toujours sur pied. J'aime les différents aspects de cette ville, et surtout le mélange des facettes les moins nobles de la capitale : l'énergie, la mélancolie, l'arrogance.


Objets déco vintage, ethniques ou graphiques ?

Bizarrement, je dirais graphiques ! J'aime la ligne. Mon "éducation" artistique - qui s'est faite lorsque je suis devenue étudiante, donc assez tardivement - a été faite des rencontres avec les œuvres de François Morellet, Claude Lévêque, Jean-Pierre Raynaud au Frac Limousin, Brancusi au Centre Pompidou, Marc Rothko au Palais de Tokyo aussi.

 

Ta devise préférée ?

"Chaque jour sur le métier, remettez votre ouvrage" de Boileau. Je ne sais pas si c'est ma citation favorise, mais c'est celle que ma mère m'a apprise. Se remettre toujours en cause et s'astreinte à être tenace.

 

Ta recette du bonheur ?

Elle est sucrée, bien sûr ! Des bonbons tous les jours et du chocolat aussi...

 

Violette & Berlingot

52, Passage de l'Argue
69002 LYON

Boutique ouverte le lundi de 14h à 19h
Du mardi au samedi de 10h à 19h

Site et boutique en ligne : www.violette-berlingot.com

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